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100 facettes... sans façons!
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23 août 2007

Cœur de lou-oup!

Je suis une fille de gang. Je vous l’ai déjà dit, j’aime les sorties entre amis (et j’en abuse! – surtout pour une mouman – selon certains standards). J’ai de bon(ne)s ami(e)s, qui m’entourent bien. C’est une partie importante de ma vie, cela fait partie de ma nature profonde et je suis prête à sacrifier pas mal d’heures de sommeil seulement pour le plaisir de me retrouver avec eux.

J’adore ma famille (me semble que ça transparait) : j’organise régulièrement des soupers de frères et sœurs où toute la fratrie se retrouve chez moi, avec leurs conjoints, les enfants, quelques amis et on joue aux cartes, au Skip-Bo, au Toc (avec les bons règlements maison) et l’alcool coule à flot afin que tous puissent se la couler douce. Je me considère comme tricotée serrée avec mes frères et sœurs mais aussi avec mes parents, beaux-parents, mes oncles, tantes, cousins et cousines.

Je suis bien entourée aussi au travail. Je considère que je suis assez proche d’une bonne quantité de collègues (pas assez pour que je les invite chez moi afin qu’ils puissent répéter à tous combien la tuile de ma chambre à coucher est laide – hon! La vilaine superficielle! Et ooooui, vous avez bien lu, j’ai de la tuile dans ma chambre à coucher! – on en reparlera! Mais assez près d’eux pour pouvoir faire des bonnes jokes de pets ou écouter leurs confidences quand ils en sentent le besoin).

Même si je suis loin de me mêler de la vie de tout un chacun, j’ai jusqu’à avoir un certain niveau de relations avec mes voisins et voisines! Il y a la mère du meilleur ami du Farahtionnel, femme au foyer au cœur d’or qui est d’une grande aide quand les foutus camps de jour finissent 1 semaine avant la rentrée! Il y a aussi la grand-mère d’une petite amie de garderie du Facétieux. Puis la gentille voisine qui était dans mon cours d’aérobie et avec qui mon Farahbuleux zépoux covoiture. Ou encore les baby-boomers pour qui je ramasse le courrier quand ils sont en Floride. Sans oublier la nouvelle jeune maman qui a besoin d’être rassurée. Ou encore ce petit couple de la troisième maison dont l’homme… bref, vous avez compris!

Mais pourquoi autant de monde? Pourquoi ce besoin d’être si entourée? Hé bien je crois que le Darwinisme a plus ou moins « pris » sur moi et que j’ai encore de cet esprit de meute - caractéristique à certains mammifères - bien ancré!

Avant – dans l’ancien temps – c’était simple : la meute familiale était bien assez grande pour combler tous nos besoins de regroupement. Les familles de 10 n’étant pas rares, quand on rajoutait toute la parenté proche et éloignée, le bedeau Thibodault et la commère du village, notre réseau naturel était bien suffisant pour combler nos besoins de soutien, d’affection, d’information, de divertissement. (En plus, avec Pépère et/ou mémère qui habitaient à la maison, on avait accès à un service de garde complètement gratuit car ils pouvaient avoir un œil sur les enfants pendant qu’on « dérochait » les terres de la Beauce!)

Mais avec l’arrivée des familles de 2-3 enfants, avec les grands-parents baby-boomers qui n’ont pas (encore!) pris tous leur retraite (mais qu’est-ce qu’ils attendent?), avec un voisinage quasi-inexistant (paradoxalement, surtout en ville où l’on est cordés les uns sur les autres comme dans une boîte de sardines!), avec la disparition des églises et de leurs grenouilles de bénitiers si serrrrrviables, que reste-t-il de ce réseau d’aidants « naturels »?

  1. C’est bien simple, quand on y pense, je fais partie de la première génération de mères pour qui les enfants n’iront pas diner à la maison et/ou chez une gentille voisine. Mon fils a seulement 8 ans et il sait parfaitement comment fonctionne une cafétéria (personnellement, la première que j’ai vu c’est à mon entrée dans la grande école, en secondaire 2! Avant que j’aie de l’argent de poche pour me permettre de me payer le luxe d’une galette d’avoine et d’un jus Oasis Bananorange, il a fallu que j’attende une autre année!). Oui c’est positif car il sera beaucoup plus débrouillard mais en même temps, mon cœur se serre juste à l’imaginer en ligne, son cabaret vert-caca en main, attendant patiemment sa portion de patates-pilées en poudre. Ne manque que la chemise blanche et la cravate noire pour que cette image se transforme en évocation de ce à quoi ressembleront probablement tous ses lunches au sein de sa future entreprise.

  1. J’ai dû, à un certain moment donné, moi aussi me résigner à ce que ce soit d’autres personnes qui élèvent mes enfants: des femmes diplômées en techniques de garde qui connaissent toutes les étapes de développement d’un enfant sur le bout de leurs doigts mais qui sont, d’abord et avant tout, PAYÉES pour faire ce que moi je fais gratuitement et par amour. Des femmes la plupart du temps extraordinaires mais qui ne pourront jamais remplacer Mémère et sa soupe aux légumes maison, qui s’occupe de toute la marmaille avec des "paparmanes" plein les poches.

  1. Oui bien sûr, pour la plupart des jeunes (!) de ma génération, nos mamans travaillaient. Mais nos mamans n’avaient pas le même type de pression que nous avons. Bien sûr, elles avaient celle (encore présente, n’en déplaise à nos utopistes dirigeants) de se faire une place dans un marché du travail encore très réticent à l’arrivée des femmes mais pendant qu’elles se battaient au travail, elles n’avaient pas en plus à se soucier de où nous étions : les voisines qui ne travaillaient pas étaient là pour jeter un œil sur nous, les enfants-clé-dans-le-cou! Grand-maman nous avait préparé des bananes à split pour dessert. Aucun maniaque ne venait nous demander de l’aider à retrouver son chien. Nos mamans pouvaient donc, lorsqu’elles étaient au boulot, se concentrer sur leur bataille sans craindre d’avoir la DPJ et l’opinion publique aux fesses parce que leurs marmots sont laissés à eux-mêmes une petite heure au retour de l’école. Elles pouvaient aussi arriver plus tard que 18h03 sans retrouver leur petit tout habillé, les attendant sur le bord de la porte, avec une facture de 15$ (3 minutes x 5$ la minute) accroché au revers de son manteau. Les bonnes vieilles gardiennes / mamies / tanties nous installaient avec un verre de lait et une beurrée de beurre d’arachides devant Passe-Partout pour nous faire patientier, pas devant une porte vitrée en regardant impatiemment leurs montre et en soupirant parce leur « shift » est terminé!

Toutes ces nouvelles réalités, cet effritement du réseau naturel, jumelé avec la baisse de natalité, font en sorte que certaines jeunes familles vivent dans un isolement assez inédit dans l’histoire de l’humanité. En Amérique du Nord (contrairement à certains pays – les pays plus "latins" notamment), les enfants n’appartiennent pas à la communauté. Ils sont la propriété totale et exclusive de leurs parents. S’ensuit donc un désengagement collectif face à la réalité des autres (notamment des familles).

J’ai personnellement, ayant eu mes enfant à un âge assez ferme (lire : tendre / jeune – dans mon cas c’était, ce ne l’est malheureusement plus, synonyme) eu à vivre cet ostracisme silencieux et pernicieux envers les jeunes familles à quelques reprises. Combien d’amis j’ai perdu parce que j’étais souvent accompagnée d’un magnifique marmot vagissant et bavant alors qu’avant, « dans le bon vieux temps »  il était normal que les enfants de tous un chacun courent partout… Au fil des années, les « autres » m’ont heureusement « rattrapé » et nos rencontres bourdonnent non plus du son tonitruant de la musique mais de l’écho des cris de notre progéniture se disputant une endiablée partie de soccer… Si les premières années en ont été d’adaptation et de solitude parfois difficile à avaler, nous sommes maintenant heureusement sorti de cet isolement dans lequel nous avions un peu été poussé à nous réfugier. Npus avons enfin trouvé nos "semblables"

Ce que les enfants, les parents, et j’irais même jusqu’à dire, ce que tous les gens sains d’esprit qui en ont assez de cette vie de fous ont besoin, c’est que nous nous engagions un peu plus les uns envers les autres. Mon plaidoyer, vous l’aurez j’espère compris, n’est pas que pour les jeunes familles. C’est un appel à la reconnaissance que tous, collègues, voisins, famille, nous faisons tous partie de la même meute et que sans cet engagement, nous allons contre notre nature profonde de mammifères et tournons lentement mais sûrement en une espèce nouvelle de végétaux, qui à force de pousser seuls, s’étiolent et se pâlissent.

Rendons-nous donc un peu plus service, allons vers les autres avec un peu plus de confiance et c’est réellement ainsi que nous pourrons améliorer la société dans laquelle nous vivons (et non pas à coup de réseaux de garderies à contribution réduite!)

Dans cinq jours c’est la pleine lune, alors unissez vos plus beaux hurlements aux miens et affirmons haut et fort que nous faisons encore partie d’une meute, celles des parents et adultes engagés... envers les autres êtres humains…

Ahhhhoooooouuuuuu!!!!!!

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Commentaires
P
Très bon texte, véridique, et quel beau réveil sur ton site! :-)
F
J'mens cris de ta tuile. Je disais à mon voisin dans face au bureau comment ta présence me manquait.<br /> <br /> Tu sais si les baby boomers prennent tous leur retraite ils vont augmenter ta cotisation aux rentes.<br /> <br /> Aussi le fait de prendre une retraite équivaut couper drastiquement dans les dépenses qui eux donnent des jobs à vous les jeunes.<br /> <br /> Faut pas croire que la retraite ne serait pas appréciée si le train de vie n'était pas affecté.<br /> <br /> Un aspect important est le fait que une fois retraité la meute du travail prtend fin à court terme.<br /> <br /> Pour ce qui est de la charge du couple dans la vie trépidante d'aujourd'hui je vous trouve courageux. Heureusement que vos petits boutchoux en veulent la peine.<br /> <br /> Tendrement un gars du boute
É
Beau texte, belle lucidité.<br /> Notamment en ces jours du sommet social québécois.<br /> <br /> Personnellement, je vote pour le retour des femmes à la maison. Minute, là, minute, Mesdames, avant de mettre le feu à vos soutien-gorges (du moins, prenez le temps de les enlever avant d'y mettre le feu). Je vote aussi bien l'aller (qui est l'opposé du retour, non?) des hommes à la maison. On peut aussi imaginer pour les Amir Kadir de ce monde deux travailleurs à temps partiel.<br /> <br /> Je pense que la seule voie possible est celle d'une baisse de la consommation entraînant la possibilité d'une baisse des revenus et donc une plus grande liberté. Liberté, bien sûr, qui entraîne des responsabilités car celui/celle qui reste à la maison doit travailler à une "certaine" autosuffisance de la cellule familiale. Ainsi, fini le "manger en ti-pots" pour les bébés. Il faut désormais cuire des légumes, les mettre en bouilli et les congeler dans les ti-rack à glace. On peut aussi envisager la fin des couches commerciales, pratique on ne peut moins économique et hyper polluante. Etc. Etc.<br /> <br /> Je sais que ce que je dis ici est quelque peu élitiste et n'est pas une alternative pour tous. Il faut que le conjoint (la conjointe) qui travaille fasse un bon 50 000$ par an et ne pas habiter trop près d'un grand centre. Ainsi, on profitera des légumes que l'on plantera dans le jardin, etc etc. Je sais, je sais, pour plusieurs, c'est un retour en arrière. Je suis de ceux-là, mais je crois que ce retour n'est pas une régression! Évidemment, si on est du genre urbain à condo, "je peux pas me passer de mon cell, d'internet et du câble et comment je vais faire sans 2 autos? Hey, ça me coûte 600$ de Costco par mois..." <br /> <br /> Ben là...j'ai pas de solution, juste de la pitié!<br /> <br /> Pour ceux qui sont intéressés, ma copine et moi on déménage dans 2 ans au Nouveau-Brunswick, et on serait peut-être tentés de fonder une communauté, sur le bord de la mer...<br /> <br /> À suivre...<br /> <br /> Un intello utopiste
F
AHOOOOOOOOOOOOUSSSI!!!!<br /> <br /> Dommage de ne pas t'avoir dans le voisinage..
C
Ahhhhooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu!!!!!!<br /> <br /> J'adore ce texte...Tellement veridique.... Merci :)<br /> Au moins je me sens moins seule a penser comme ca!
100 facettes... sans façons!
  • Combien de personnalité(s) peut-on avoir? Drôleries et coups de gueule d’une femme-de-carrière-supermaman-bombe-à-ses-heures-tentativement-comique-qui-rêve-de-réussir-sa-vie-en-étant-heureuse…ou serait-ce le contraire? Une tentative-de-femme-de-carrière-qu
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